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Brèves d'info

Une préfète dans la tourmente

Un article du Canard Enchaîné, une Tribune dans Le Monde, une pétition en ligne : l’affaire Marie Lajus n’en finit pas de faire des vagues.

Marie Lajus, préfète d’Indre et Loire, a été démise de ses fonctions en Conseil des Ministres, le 7 décembre. Quelle faute cette fonctionnaire a-t-elle commise, pour être évincée sans préavis ni nouvelle affectation ?

Elle s’est opposée à un projet qui prévoyait l’installation, sur 4000 mètres carrés, d’un incubateur d’entreprises de haute technologie dans le parc du Château Louise de la Vallière, classé monument historique, et donc inconstructible. L’Architecte des Bâtiments de France s’était lui aussi, bien évidemment, opposé à ce projet, porté par Xavier Aubry, homme d’affaires, et pour lequel les élus de la commune de Reugny souhaitaient rendre le terrain constructible.

Rappelons que les préfets représentent l’Etat, et qu’à ce titre, leur rôle est de faire respecter la loi, toute la loi, et rien que la loi. C’est ce qu’a fait cette préfète dans cette affaire : elle a fait savoir aux élus locaux que dans cette hypothèse, elle ferait son devoir : elle ferait respecter la loi (en l’occurrence, la loi Climat et Résilience du 22 aôut 2022), et donc, attaquerait la légalité d’une telle décision.

On connaît la suite.

Rappelons que les préfets sont nommés et démis de leurs fonctions en Conseil des Ministres, sur proposition du ministre de l’Intérieur. Et tout cela sans que le ministre ou le Conseil aient à justifier leur décision.

Bien évidemment, en l’espèce, il s’est trouvé après-coup des journalistes pour évoquer les propos d’élus fustigeant le « sectarisme politique » de cette préfète, ou sa « dimension partisane ». Cette affaire aurait été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Mais justement : comment la stricte application de la loi républicaine peut-elle être la goutte d’eau qui fait déborder le vase ?

C’est un véritable non-sens démocratique : s’il suffit que des élus se plaignent du « manque de confiance » de l’Etat, ou des « exigences » de l’administration pour qu’on les débarrasse d’une préfète qui applique la loi, c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans notre République. Et si je ne la qualifierai pas de « bananière », c’est uniquement parce que je n’aime pas cette expression.

André BARELIER

28 décembre 2022

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