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Brèves d'info

DE PLUS EN PLUS DE DEMISSIONS DE MAIRES

https://www.sciencespo.fr/cevipof/files/Note1_demissions_maires_CEVIPOF_MF_19062025.pdf

Une étude récente, réalisée par Martial Foucault, professeur à Sciences Po, révèle une augmentation sans précédent du nombre de démissions de maires depuis 2020 : il y a eu 2189 démissions entre juillet 2020 et mars 2025.

Depuis 2008, en l’espace de 3 mandatures, leur nombre moyen est passé de 129 à 417 par an.

Cela fait 4 fois plus, et plus d’une démission par jour.

Si l’on considère que jusqu’aux prochaines municipales, les démissions seront désormais négligeables, en pourcentage, sur la mandature 2020-2026, ce sont 6% des maires qui auront démissionné.

Le phénomène varie sensiblement en fonction de la taille de la commune.

Il est en baisse relative mais reste très marqué dans les petites communes (moins de 500 habitants), qui représentent 42 % des démissions entre 2020 et 2025 (contre 58% en 2008-2014). A l’inverse, il s’accélère dans celles comptant entre 1000 et 3500 habitants, qui représentent désormais 25% des démissions entre 2020 et 2025, contre 13% pour la mandature 2008-2014, alors que ces communes sont bien moins nombreuses que celles de moins de 500 habitants.

Certaines démissions sont intervenues à la suite d’agressions qui ont connu un retentissement médiatique, mais contrairement à ce qu’on pourrait croire, les violences jouent un rôle mineur dans la décision de démissionner.

Les causes des démissions sont bien sûr multiples : problèmes de santé, raisons de convenance personnelles ou professionnelles, passation de pouvoir au profit d’un adjoint, , etc.

Mais la principale cause, et de loin, ce sont les tensions qui se manifestent au sein des Conseils Municipaux, tensions liées à la conduite de l’action municipale.

Près d’une démission sur trois (31%) est due à ces tensions.

Et là encore, ce sont les communes de 1000 à 3500 habitants qui connaissent le plus fort taux de démissions dues à ces tensions (3.7%).

Ce sont d’abord les différents au sein même de la majorité qui provoquent la démission du maire, plus que les affrontements entre le maire et les élus d’opposition.

Ces différents au sein de l’équipe municipale s’expliquent essentiellement par trois facteurs :

  • la remise en question de certaines des décisions du maire, qui portent sur l’objet même de ces décisions (modifications du PLU, lancement de projets non prévus dans le programme présenté aux électeurs, etc. ),
  • la temporalité des décisions (projets prévus dans le programme, mais reportés sine die, priorité donnée à certains projets jugés prioritaires par le maire au détriment d’autres, etc.),
  • le mode de gouvernance du maire, souvent jugé autocratique.

Lorsqu’on y réfléchit, c’est le dernier facteur qui est déterminant, car il englobe les deux autres.

En effet, le rôle du maire est prépondérant dans la gestion de la commune : c’est lui qui impulse les projets, qui décide de l’ordre du jour du Conseil Municipal, qui attribue et révoque les délégations, qui donne la parole, qui peut faire expulser un élu, etc.

La grande majorité des maires exercent leurs fonctions de manière avisée, grâce, pour beaucoup, à l’expérience acquise antérieurement en tant que conseillers municipaux ou adjoints.

Car si maire n’est pas et ne doit pas être un métier, il n’en demeure pas moins que diriger une commune exige des qualités et un savoir-faire qui font parfois défaut à des édiles manquant d’expérience lorsqu’ils accèdent aux responsabilités.

Il est intéressant de noter que plus de la moitié (53%) des maires démissionnaires sont des maires nouvellement élus.

L’auteur de l’étude souligne, avec raison, le fait que les équipes municipales en place ont été élues en pleine épidémie de COVID, et que cela a sûrement influé sur la manière de bâtir les programmes électoraux et les équipes destinées à les appliquer.

Il n’en reste pas moins que le mode de gouvernance influe directement sur l’adhésion de l’équipe municipale à l’action du maire. En particulier, le fait qu’en début de mandat, le maire se fasse déléguer par sa majorité la quasi-totalité des compétences du conseil municipal est à nos yeux une pratique peu démocratique (même si elle est prévue et encadrée par la loi), car cette délégation aboutit à une concentration des pouvoirs qui nuit à l’expression démocratique, et qui peut générer des comportements autocratiques incompatibles avec la bonne marche de la démocratie locale.

Toutes les propositions d’ETHICPOL en matière de bonnes pratiques visent à éviter ces comportements et à promouvoir une véritable démocratie au sein des conseils municipaux.

https://www.sciencespo.fr/cevipof/files/Note1_demissions_maires_CEVIPOF_MF_19062025.pdf

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