LOUE HLM REMIS À NEUF, TOUT PRÈS DE LA PLAGE DES CATALANS…
(MIS À JOUR LE 19 JUILLET)
Marsactu publie dans son édition d’aujourd’hui une enquête qui pourrait faire du bruit.
On vous la résume ci-après.
13 Habitat est l’appellation de l’Office HLM du département des Bouches du Rhône, qui gère 33 587 logements locatifs, dans 526 résidences.
Pour obtenir un logement dans une de ces résidences, il faut constituer un dossier, qui est examiné par une commission d’attribution des logements et d’examen de l’occupation des logements (CALEOL). Il faut aussi s’armer de patience (il y a 48 000 ménages en attente d’un logement social à Marseille).
La CALEOL est présidée depuis 2022 par Nora Preziosi, figure de la droite marseillaise.
Or, la mère de cette dernière a obtenu en juin 2023 un logement dans une résidence gérée par 13 Habitat, proche de la plage des Catalans, un secteur très prisé à Marseille.
Marsactu s’interroge sur la tenue de la commission qui a attribué le logement à sa mère, sur le fait de savoir si Nora Preziosi s’est déportée lors du vote, et sur le respect des critères d’attribution.
Pour répondre à ces questions, le journal a contacté 13 Habitat, Catherine Chantelot, représentante de la mairie de secteur, et Nora Preziosi.
Catherine Chantelot ne peut apporter de réponse, invoquant le nombre de dossiers que la CALEOL a à examiner. Le service communication de 13 Habitat, lui, invoque la confidentialité liée aux délibérations de la commission, pour respecter les informations personnelles de chaque candidat.
Quant à Nora Preziosi, elle affirme s’être déportée le jour du vote. « Tout est nickel, tout est propre. Je n’ai aucun problème à me reprocher ni rien à reprocher à mes employés, bien au contraire. »
Néanmoins, La Provence de ce jour, rapporte ces propos : « J’ai dit à mes services : le jour où un T4 se libère, vous le gardez pour ma mère. Est-ce que je n’ai pas le droit d’aider ma mère ? Si on m’accuse, on accuse la commission d’attribution qui a agi de façon souveraine. »
Nous n’avons pas les éléments pour savoir exactement ce qu’il en est des affirmations des uns et des autres, mais ce genre de propos interroge sur la manière dont sont attribués les logements sociaux à Marseille…
En tout état de cause, il nous semble que le mode de fonctionnement de la CALEOL, qui entretient une opacité certaine, doit être sérieusement revu.
Dans l’administration, lorsqu’un ou plusieurs postes sont proposés, la liste des candidats reçus est publiée à l’issue des délibérations du jury, la composition de ce dernier est publique et donc connue de tous, et les délibérations font l’objet d’un rapport.
Pourquoi en est-il autrement lorsqu’il s’agit d’attribuer des logements sociaux ? On peut se poser la question, même si on a une petite idée…
C’est pourquoi nous avons fait des propositions en la matière, qui permettraient une meilleure transparence, propositions inspirées de ce qui se fait par exemple à Salon, et que l’on peut retrouver sur notre site.
Mais il y a autre chose dans cette affaire.
L’appartement dont il est question est, d’après Marsactu, un T4 de 120 m2 (mais de 80 ou 90 m2 d’après 13 Habitat, on ne sait pas trop…).
Pour chaque logement, avant l’arrivée d’un nouveau locataire, une session de « travaux de relocation » est entreprise, afin de le remettre en état. D’après un entrepreneur travaillant régulièrement avec 13 Habitat, ces travaux coûtent, en moyenne, 6000 euros, avec un maximum de 10 à 12 000 euros.
Or, cet appartement a fait l’objet de deux sessions de travaux au lieu d’une, pour un montant total de 33 000 euros, une somme proprement exorbitante par rapport à ce qui se fait habituellement.
Nora Preziosi justifie ce montant par la vétusté de l’appartement, occupé depuis 1977 par la même personne.
Il n’empêche qu’on peut se poser des questions sur les raisons pour lesquelles une deuxième session de travaux a été décidée après la première.
L’adjoint au maire chargé du logement, Patrick Amico, a annoncé qu’il allait « saisir le préfet et étudier la possibilité de demander une enquête de l’Ancols (’gendarme’ du logement social) » et demandé la « démission » de Nora Preziosi.
Quatre jours après la révélation de l’affaire par Marsactu, le parquet de Marseille a ouvert une enquête à l’encontre de Nora Preziosi pour prise illégale d’intérêts, détournement de fonds publics et recel.
Affaire à suivre….