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Brèves d'info

BERNARD RAMOND, J’ECRIS MON NOM…

Il est assez fréquent qu’on donne à une rue, un boulevard, une place, un parc, une salle de spectacle, une bibliothèque – bref, à un lieu public – le nom d’un(e) édile ayant contribué, par son action au service de la commune, au rayonnement de cette dernière.

Cet hommage est rendu lorsque l’édile en question n’est plus en fonction, soit parce qu’il a pris sa retraite d’édile, soit parce qu’il est décédé.

C’est une manière, pour la commune, de laisser, dans la mémoire collective, une trace de son action. Pourquoi pas, si les habitants veulent rendre hommage a posteriori à celui ou celle qui s’est dévoué au service des administrés pendant des années ?

C’est ainsi que le mercredi 21 mai a été inauguré le parc Bernard Ramond, à Lambesc.

Ce parc s’appelait jusqu’à maintenant parc Vallat. Désormais, il s’appellera parc Bernard Ramond…à moins que la prochaine municipalité en décide autrement.

Qui est donc Bernard Ramond ? Et bien, c’est… le maire de Lambesc. Le maire actuel ? Oui, le maire actuel, ni retiré des affaires communales, ni décédé.

Comment est-il possible de renommer le Parc Vallat du nom du maire en exercice ? C’est possible, tout simplement, parce qu’une une telle décision est prise en Conseil Municipal.

Photo Philippe Béal, La Provence

Et comme chacun sait, c’est le maire qui préside le Conseil Municipal et en fixe l’ordre du jour.

Bernard Ramond a donc décidé de mettre au vote du Conseil Municipal de Lambesc l’attribution, de son vivant, de son propre nom au Parc anciennement appelé Parc Vallat.

L’opposition a voté contre, et dans le village, les commentaires vont bon train sur cette décision et une pétition a été lancée.

Du point de vue strictement légal, Il n’y a rien à redire : le maire peut parfaitement mettre une telle délibération à l’ordre du jour, et le Conseil Municipal a toute compétence pour la voter.

Il n’y a guère de moyens légaux de la faire annuler sinon une nouvelle délibération du Conseil Municipal : celui-ci, ou un autre, les élections municipales ayant lieu en 2026.

Dans l’immédiat, la mobilisation des opposants à cette décision suffira-t-elle à provoquer une nouvelle délibération ?

Tout dépendra de la mobilisation des administrés, non seulement les opposants au maire, mais également ceux qui soutiennent son action, mais qui sont choqués – et il y a de quoi l’être – par ce qu’ils considèrent comme relevant du fait du prince.

En ce qui nous concerne, que le maire mette une telle délibération à l’ordre du jour du Conseil Municipal, et que la majorité municipale la vote à l’unanimité, va à l’encontre des conceptions que nous nous faisons de l’éthique.

Il va de soi que nous ne saurions la cautionner, même si, répétons-le, elle est parfaitement légale.

Il faut noter que si elle n’entraîne aucune conséquence matérielle sur la commune, elle heurte les opposants au maire et une bonne partie des administrés, y compris ceux qui ont voté pour lui. Or, il est du devoir du maire de préserver, dans sa commune comme au Conseil Municipal, le respect que se doivent les adversaires et la cohésion de la population dont il est le représentant.

D’autant qu’il y a autre chose :

Bernard Ramond s’est autorisé à inviter le curé de la commune, Thierry-Joseph Beguin à bénir la nouvelle plaque lors de l’inauguration (en présence de Nicolas ISNARD, maire de Salon de Provence représentant Renaud MUSELIER, Jacky GÉRARD ancien maire de Saint-Cannat, représentant Martine VASSAL, Danielle CASTAGNONI, vice-présidente de la LPO PACA).

Cette invitation est choquante. Chacun est libre de ses convictions en matière de religion.

Mais nous sommes dans un pays laïc, dans lequel on ne peut pas admettre qu’une instance religieuse, quelle qu’elle soit, intervienne dans une manifestation décidée par le maire, représentant de la commune.

Le maire a été élu pour gérer les affaires de la commune. Il n’a pas à imposer à ses administrés ses convictions religieuses, qui ne regardent que lui.

Bernard Ramond savait très bien que l’attribution de son nom au Parc Vallat provoquerait des réactions : son discours d’inauguration l’atteste. Même chose pour l’invitation du curé du village, qu’il a décidée en sachant qu’elle provoquerait, elle aussi, des réactions.

Croyez-vous que cela l’ait gêné ? Pas le moins du monde…

Certes, on pourrait penser qu’il s’agit simplement d’un nom et d’un coup de goupillon sur une vulgaire plaque de cuivre, et qu’il y a des choses plus importantes que ça.

Pas du tout : cette affaire illustre, encore une fois, la nécessité de mettre fin aux mandats renouvelés « à perpétuité ». Ils conduisent à ces comportements d’élus qui minent la démocratie en oubliant inéluctablement, au fil du temps, les règles élémentaires de l’éthique.

Nous militons, plus que jamais, pour un mandat municipal renouvelable une seule fois.

Cette mesure ne supprimera peut-être pas les dérives, mais nous sommes intimement convaincus qu’elle contribuera grandement à les limiter.

https://www.laprovence.com/article/politique/3006966688284514/a-lambesc-le-parc-du-vallat-a-ete-officiellement-rebaptise-du-nom-du-maire-de-la-commune-bernard-ramond

https://www.laprovence.com/article/politique/1062778143689314/a-lambesc-un-panneau-dentree-de-ville-detournee-avec-linscription-principaute-du-roy-ramond

https://www.franceinfo.fr/faits-divers/le-maire-de-lambesc-dans-les-bouches-du-rhone-cree-la-polemique-en-inaugurant-un-parc-a-son-nom_7268043.html

Retrouvez notre position ici :

Une réflexion sur “BERNARD RAMOND, J’ECRIS MON NOM…

  • Citoyen lambescain

    Ce genre de manœuvre, où un maire encore en exercice s’arroge le droit de se faire honorer de son vivant en renommant un lieu public à son nom, touche à quelque chose de très profond : le respect des institutions, de la mémoire collective… et de l’éthique. C’est une forme de culte de la personnalité aux relents d’ancien régime, pas une décision démocratique guidée par l’intérêt général.

    Ce que ça montre aussi, c’est à quel point certaines personnes, une fois installées dans le pouvoir, peuvent finir par confondre commune et propriété personnelle. On n’est plus dans la représentation des administrés, on est dans la mise en scène de son propre ego. Et quand en plus on mêle à cela une bénédiction religieuse, dans une cérémonie publique, on franchit allègrement la ligne entre vie privée et neutralité laïque de la République.

    C’est d’autant plus désolant que ce genre d’acte peut délégitimer de vraies réalisations, saper la confiance des habitants et alimenter un rejet du politique, déjà bien entamé.

    Le seul vrai groupuscule, dans cette histoire, c’est celui qui a voté en faveur de cette décision. Une poignée d’élus autour d’un maire en exercice, décidant entre eux, dans le huis clos d’un conseil qu’ils contrôlent, de débaptiser un lieu public pour y coller leur propre chef en lettres dorées… C’est ça, le vrai entre-soi. Pas ceux qui s’y opposent, pas ceux qui alertent, pas ceux qui demandent un peu de décence — eux, ce sont les citoyens.

    Parce qu’un parc, ce n’est pas une salle de réunion municipale. C’est un espace ouvert, un symbole commun. Et le rebaptiser ainsi, sans consultation populaire, sans débat ouvert, c’est un acte de confiscation symbolique.

    Et le plus ironique dans tout ça ? C’est qu’en posant son nom sur ce parc, Bernard Ramond a gravé dans le marbre non pas un hommage, mais une polémique. Le jour où les gens passeront devant cette plaque, ils se souviendront peut-être moins de ce qu’il a fait pour Lambesc que de ce qu’il s’est autorisé à faire pour lui-même. Les habitants de Lambesc eux, ont quasi unanimement décidé de continuer à l’appeler le parc Vallat !

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